Mesurer le pH du sol - Univert Pauly Andrianne

Mesurer le pH du sol

Les hortensias préfèrent les sols acides et le chaulage d’un gazon complique la vie de la mousse – quelques particularités se sont ébruitées. Pourtant peut-on simplement chauler le jardin chaque année sans avoir mesuré le pH au préalable ? Ce n’est pas une bonne idée ! la modification judicieuse du rapport des acides et des bases d’une terre de jardin requiert un peu de connaissances. Découvrez dans cet article quelle est la responsabilité du pH, comment le mesurer et comment le rectifier.


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Sol acide ou alcalin – quelles sont les conséquences ?

Le pH optimal d’une terre de jardin doit être compris entre 6,5 et 7,5. À ce niveau le rapport des acides et des bases dans le sol est équilibré et la plupart des plantes de jardin et du biotope se trouvent à leur aise. Un pH perturbé affecte essentiellement deux choses.

1. La disponibilité des nutriments dans le sol dépend du pH

Les nutriments peuvent être présents sous forme de composés minéraux dissous dans le sol afin que les plantes puissent bien les assimiler. Selon le pH les différents nutriments essentiels et oligoéléments peuvent toutefois se lier aux particules du sol. Si le pH est insuffisant, il se peut que le sol soit bien pourvu en nutriments, mais que ceux-ci ne soient pas assimilables par les plantes.

On en déduit alors que des fertilisations généreuses sont sans effet et que les plantes ont une croissance faible ou altérée. Les plantes manquent alors par exemple d’azote, de potassium et de calcium si le pH du sol est trop faible. À l’inverse, s’il est trop élevé, ces nutriments seront certes présents en grand nombre, mais au détriment du fer, du manganèse ou du bore.

Car à l’extrême la disponibilité excessive de quelques nutriments peut être problématique pour vos plantes. Ainsi de grandes quantités d’aluminium sont assimilables par les plantes dans les sols particulièrement acides. Un phénomène que vous connaissez peut-être dans une certaine mesure par la couleur bleue des hortensias paysans poussant dans des sols acides et riches en aluminium. Mais un excès d’aluminium peut s’avérer dommageable, raison pour laquelle peu de plantes de jardin y survivent à long terme.

En veillant à équilibrer le pH de votre sol, vous aidez quasiment ce dernier à s’autoaider. Car c’est alors seulement qu’il pourra fournir aux plantes tous les nutriments dont il dispose. Les extrêmes ne sont jamais sains, ainsi que vous pouvez le constater sur notre tableau. Car finalement, il en résulte toujours une carence ou un excès de nutriments essentiels et d’oligoéléments.

2. L’activité des organismes du sol dépend du pH

L’activité des organismes du sol dépend elle aussi du pH. Ceux-ci seront à peine actifs dans un sol acide à faible pH. Pour bien comprendre les conséquences, regardons brièvement en quatre étapes, les tâches assumées par les petits aides-jardiniers de notre jardin :

  1. Dans un premier temps, les organismes du sol les plus gros, tels les vers de terre transforment les substances organiques du sol (feuillage et petits fragments) en un précieux humus. Les microorganismes bien plus petits décomposent encore plus ce dernier et produisent des nutriments assimilables par les plantes tels que l’azote.
  2. Les deux organismes (les plus gros et les microorganismes) forment une sorte de chaîne de recyclage. Des organismes du sol inactifs ont des répercussions sur la structure du sol qui devient plus grossière et où les feuilles et fragments ne sont plus décomposés ni transformés en humus.
  3. Ceci a à son tour des conséquences sur les microorganismes qui ne trouvent plus assez d’humus pour la transformation (minéralisation).
  4. En fin de chaîne, les plantes manquent précisément de ces minéraux à liaison organique, c’est-à-dire libérés uniquement par l’activité des microorganismes. L’azote figure en première ligne suivi du potassium et du phosphore.
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pH faible — que se passe-t-il lorsque le sol est trop acide

  • Lorsque le pH du sol est inférieur à 6,5, on parle d’un sol acide. Quelques plantes, celles dites de bruyère ou acidophiles, aiment ce terrain. Les rhododendrons, myrtilliers ou hortensias préfèrent un pH compris entre 4,5 et 5. Si le pH est encore plus faible, très peu de plantes s’en accommodent.
  • Les microorganismes sont moins actifs. Ceci a des répercussions sur la structure du sol et la minéralisation de l’humus – la transformation du matériel organique en nutriments vitaux pour les plantes.
  • Quelques métaux lourds présents dans le sol (cadmium ou mercure), mais aussi un métal léger tel que l’aluminium sont plus facilement assimilables par les plantes, car ils ne sont plus fixés. Ceci peut altérer la santé des plantes.
  • Même le fer et le manganèse sont disponibles en grandes quantités pour les plantes dans des sols acides, tandis que le calcium, le potassium, le magnésium ou le bore par exemple sont présents en concentrations bien trop faibles, provoquant des troubles de croissance des plantes.
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Comment augmenter le pH d’un sol ?

L’augmentation du pH du sol n’est heureusement pas trop difficile. La chaux neutralise l’excédent d’acides et augmente ainsi le pH. Il restaure la biodisponibilité des nutriments présents dans le sol tels que calcium, potassium et magnésium. Le chaulage permet même à long terme d’améliorer l’apport en eau et en air dans le sol. Les organismes ont un meilleur biotope et redoublent d’activité.

Toutefois, l’effet du chaulage ne se fait pas du jour au lendemain. Jusqu’à ce que les premiers effets d’un chaulage soient visibles au jardin, il faut laisser passer quelques mois et s’écouler beaucoup d’eau. Le meilleur moment pour rectifier le pH du sol par un chaulage est donc en septembre ou octobre. Les précipitations sont suffisantes durant l’hiver pour dissoudre les particules de chaux et les lessiver dans le sol. Vous épargnez ainsi beaucoup de travail et d’eau d’arrosage.

Si le pH de votre sol a fortement chuté, quelques années peuvent s’avérer nécessaires – durant lesquelles il faudra en alternance mesurer et chauler – jusqu’à ce que la valeur se normalise et que la croissance des plantes s’améliore.

Notre conseil

Les granulés de chaux sont plus faciles à épandre avec précision que la chaux moulue (très fine), car elle est souvent très vite dispersée par le vent.

pH faible – que se passe-t-il lorsque le sol est trop acide ?

Un sol dont le pH est supérieur à 7,5 est qualifié d’alcalin ou de basique. Ce qui signifie que la teneur en calcaire est très élevée. Dans les cas extrêmes, soit à un pH de 9, rares sont les plantes qui y survivent. Un pH du sol inhabituellement élevé peut être en outre provoqué par un chaulage très fréquent ou par un arrosage durant plusieurs années à l’eau calcaire (« eau dure »).

  • Les nutriments tels que fer, manganèse, cuivre, zinc et bore ne sont disponibles qu’en faibles quantités provoquant alors des troubles de croissance et des déformations sur les plantes.
  • En outre, la vie du sol est stimulée, les vers de terre et microorganismes sont particulièrement actifs et décomposent donc avec application la matière organique du sol pour la transformer en humus puis à nouveau en minéraux, de sorte que la structure du sol en pâtit : ce dernier ne peut quasiment plus absorber d’eau ni d’air.
  • L’activité des organismes du sol provoque à son tour un excès d’azote, de potassium et de phosphore, tous les minéraux qui autrefois avaient une liaison organique et qui sont libérés par le processus de décomposition.
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Trop de calcaire dans le sol – comment abaisser le pH d’un sol ?

Abaisser le pH d’un sol est nettement plus difficile que de l’augmenter. Fondamentalement, il faut apporter aux sols très calcaires et caillouteux beaucoup d’acide et de matière organique, cette dernière étant préférable, car elle est très acide. Des aiguilles de pin ou de la tourbe sont particulièrement adéquates. Même des déchets de jardin comme des résidus de tonte ou du feuillage d’automne peuvent permettre de rééquilibrer la teneur en calcaire. Vous pouvez en outre veiller à n’arroser le sol qu’avec de l’eau du robinet non calcaire ou de l’eau de pluie. Même les engrais utilisés ne doivent si possible pas contenir de calcaire et idéalement acidifier le sol, ce qui est par exemple le cas des engrais contenant du sulfate de fer (II) ou un fort taux d’ammonium. En cas de doute, consultez de préférence votre jardinerie locale à la recherche du produit adéquat.

Il faut néanmoins de nombreuses années avant de baisser progressivement le pH d’un sol. Heureusement, les sols particulièrement alcalins sont très rares chez nous, de sorte que la plupart des adeptes du jardinage ne se heurtent pas à ce problème.

Comment mesurer le pH du sol ?

En règle générale, il n’est nul besoin de disposer d’une grande expérience pour savoir comment traiter le sol de votre jardin. C’est pourquoi la plupart du temps des autotests suffisent à domicile : bandelettes de test, comme celles pour une piscine, ou réactifs liquides dont la couleur varie en fonction du résultat. Si vous souhaitez effectuer fréquemment et simplement des mesures, envisagez alors d’acquérir un testeur spécial.

Et pour plus de précision, il existe toujours l’option de prélever un échantillon de sol à des fins d’analyse. Ceci présente l’avantage que la mesure est très exacte, permettant de définir précisément quelles plantes prospéreront particulièrement bien sur votre sol. De telles analyses fournissent également des informations sur la concentration d’autres nutriments du sol, et de constater si ce n’est pas ailleurs que le bât blesse.